Les sentiers de la gloire | ARTE

Publié le par Pierre Gapenne

Les sentiers de la gloire | ARTE

C'est à peu près insoutenable à regarder, mais c'est un vrai Kubrick : en 1916, la guerre s'est enlisée dans les tranchées. Le général Broulard, chef de l'état-major, fait miroiter un avancement et incite le général Mureau, à donner l'assaut à une très solide position allemande, la Cote 110 2 et ce, sans renforts ni préparatifs, et avec un bombardement préalable très court, de quinze minutes. Le régiment, emmené par le colonel Dax, est repoussé par le feu ennemi et doit se replier avec de lourdes pertes. Observant la scène, le général Mureau s'aperçoit qu'une partie des hommes n'a pas quitté les tranchées et, de rage, ordonne de faire tirer sur ses propres troupes pour les forcer à attaquer. Mais son ordre, transmis oralement, est refusé par l'officier responsable de l'artillerie. Devant cet échec personnel, le général Mureau décide alors de traduire le régiment en conseil de guerre pour « lâcheté ». Il souhaite qu'une centaine de ses hommes soient passés par les armes. Le colonel Dax s'insurge contre cette initiative qu'il juge révoltante. Finalement le général Broulard décide d'un compromis : seuls trois hommes, un par compagnie, seront jugés. Ecœuré, le colonel Dax, brillant avocat pénaliste, demande alors l'autorisation au général Broulard de défendre les trois hommes qui seront désignés. Mais tout son talent ne réussira pas à infléchir les juges pour qui la sentence ne fait aucun doute : les soldats seront fusillés le lendemain. En dernier recours, le colonel Dax décide de retrouver le général Broulard, pour lui apporter les preuves que le général Mureau a ordonné à son artillerie de tirer sur ses propres troupes. Cela n'empêchera pas l'exécution des trois soldats, mais le général Broulard utilisera cette carte pour ordonner une enquête sur les agissements du général Mureau et offrir ainsi son poste au colonel Dax, croyant que celui-ci a agi par pure ambition. Dax refuse de façon véhémente cet avancement, écœuré par le cynisme du général, et s'empresse de retourner auprès de ses hommes. La scène finale montre la violence et la bêtise des soldats, moquant une prisonnière allemande (interprétée par Christiane Kubrick), puis leur humanité et leur émotivité, quand celle-ci se met à chanter.

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G
C'était le temps où l'Europe avait quelque chose de barbare, rachetée dieu merci, par le rousseauisme du bon colonel Dax. Joseph Losey a fait en 1964 un film équivalent pour l'armée anglaise : Pour l'exemple...<br /> <br /> <br /> Thomas de Vraid Le petit problème du film ( que je tiens pour un très grand film de genre : guerre, proçès et Kubrick qui est un genre en soi ). Les fusillés sont des héros. Le propos eut été d'autant plus fort s'il s'était agi de soldats ordinaires voire de lâches. La scène finale est la plus aboutie. Elle rachète tout le film.<br /> 18 février, 05:31 · Modifié · Je n’aime plus · 1<br /> <br /> Pierre Gapenne Oui, encore que il ne faudrait pas non plus en rajouter sur l'essentialisation des caractères comme le fait La Bruyère : en réalité nous ne somme pas lâches ou courageux une fois pour toute ; le plus souvent, nous le sommes plus à un moment donné et moins à un autre ; nous ne sommes pas colériques (comme Achille) ou rusés (comme Ulysse), nous ne sommes pas maîtres et dominateurs ou serviles et dominés pour toujours ; en réalité, c'est plus les conditions qui nous sont faites qui déterminent notre condition noble ou notre condition ignoble ; parfois, on nous donne les beaux ou les bons rôles ; parfois on nous refile les plus mauvais rôles...<br /> <br /> <br /> Thomas de Vraid Oui mais bon dans le film les trois fusillés sont trois soldats courageux. C'est Stanley qui essentialise donc.<br /> Avec brio.<br /> <br /> Dans l'adaptation du capitaine Conan de Tavernier, le traitement du sujet du soldat perdu/effrayé dans la bataille qui va directement se livrer aux buls est quand même sacrément bien foutu (cf. La scène de grimpette dans la montagne avec le prêtre). Et puis Conan qui sort de mémoire &quot; la guerre vous l'avez faite, nous on l'a gagné à 3 000 &quot; avec son béret de chasseur alpin. Chapeau bas le guerrier.<br /> <br /> Kubrick reste un as de la scène finale, je pense à la fin de full metal jacket.<br /> <br /> <br /> Pierre Gapenne Excellent Thomas ! Belle analyse, oui, c'est un film d'une force très grande peut-on dire peut-être ?
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