Le désir...

Publié le par Pierre GAPENNE

Le désir est un « mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction...
Le désir est un « mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction...

Le désir est un « mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction...

 

 

Le désir

 

« Le désir est-il l’expression d’un manque ? »

 

 

                Introduction. Analyse du sujet et construction du problème

 

   Par définition, le désir est un « mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l’on se représente comme une source possible de satisfaction. Le désir se définit comme une tendance devenue consciente. » (Dictionnaire de Philosophie, Bordas)

 

® Distinction du désir et du besoin = « exigence ou nécessité naturelle ayant une cause physiologique » (La pratique de la philo de A à Z, Hatier) = Il est vital en premier chef vital (même si on peut parler de « besoins sociaux ») ; il peut être satisfait, puisque la nature ne peut exiger que ce qu’elle est capable de satisfaire (Ex. : le besoin de manger) ; il relève de ce qui est nécessaire à l’organisme pour survivre et ne dépend en aucun cas de la volonté de l’homme (nécessité ¹ volonté) Þ Il relève d’un manque qu’il faut combler, en raison d’une question de survie.

 

® Requiert une représentation de quelque chose ® Nécessité de la conscience dans le désir ; nécessité d’un objet vers lequel le désir fait tendre ce sujet doué de conscience = idée d’un moteur dans le désir, de quelque chose qui meut le sujet vers un objet = aspect positif du désir comme ce qui suscite l’activité du sujet.

 

® Cet objet vers lequel le sujet tend est un objet qu’il se représente comme quelque chose de bon, d’agréable, d’utile, bref de susceptible de lui apporter un bien que, par conséquent, il ne peut déjà posséder Þ le désir porte donc sur un objet considéré comme porteur d’une satisfaction que l’on se rend compte ne pas avoir et qui, de ce fait, apparaît comme un défaut, comme une privation, comme une absence : il est donc sentiment conscient d’un manque qui doit être comblé, non en vertu d’une exigence naturelle, mais en vertu d’une certaine représentation consciente.

 

Le cœur de la question est « est-il l’expression de ». C’est-à-dire ?

 

® Être l’expression de quelque chose, c’est signifier, renvoyer à quelque chose d’autre que soi : le désir serait alors quelque chose qui est l’indice, le signe d’un manque, comme l’effet peut être l’expression de sa cause, mais aussi comme le sourire est l’expression du contentement, dont on peut dire à strictement parler qu’il est la cause du sourire, mais il est ce que le sourire doit évoquer.

 

® La forme de la question suggère deux réponses possibles :

1° Soit il s’agit de savoir si le désir exprime un manque ou non. Aspect qui peut revenir à se demander si le désir est une espèce de besoin, dans le sens où le besoin serait pour sa part l’expression d’un manque en tant que sensation causée par l’absence dans l’organisme ou pour l’organisme de quelque chose de vital : besoin de manger = expression d’une absence d’énergie dans le corps. Cela pouvait permettre de faire 2 parties.

2° Soit il s’agit de savoir si le désir, qui ne peut être sans signification (tel est le présupposé du sujet), est l’expression de quelque chose d’autre qu’un manque, c’est-à-dire de savoir de quoi le désir est l’expression. Aspect moins évident du sujet, mais qui pouvait permettre de faire une bonne 3e partie.

 

3 axes de réflexion, mais non nécessairement des axes de plan :

 

1. Le désir est, comme le besoin, l’expression, l’effet d’un manque, d’une privation, d’un défaut de satisfaction qu’il faut compenser.

2. Pourtant, le désir se distingue du besoin. Peut-on encore légitimement considérer que comme lui, dans son essence, il soit relatif à une sensation de manque ? N’est-il pas au contraire ce qui surgit quand nul manque ne se fait sentir ?

3. De quoi le désir est-il l’expression dans ce cas ? Quelle est sa signification si ce n’est celle d’un manque ? Thèse finale : Il est l’expression de l’humanité de l’homme. Þ Ultime contradiction : Si le désir est bien l’expression de l’humanité de l’homme, n’est-ce pas en tant qu’elle est imparfaite, c’est-à-dire en tant qu’elle est en elle-même toujours un manque à combler ? On revient ainsi à la 1ère thèse !

 

 

Introduction : faut il libérer le désir ou se libérer du désir, hybrider le désir plutôt que le brider ?

 

            L’homme est un être de désir plutôt qu’un être de besoin. Le désir est un mystère existentiel, car le désir nous traverse [1] et nous constitue sans que l’on sache très bien où il nous mène. << Eros >>, << concupiscence >>, << appétit >>, << libido >>, il a pris dans l’histoire de la pensée des noms variés qui correspondent à sa nature multiple et mouvante, protéiforme. Le désir semble contradictoire. D’une part, il tend vers ce dont il manque : il est la conscience douloureuse de ce qu’il n’a pas et l'effort pour l'obtenir. D'autre part, il est une puissance d'affirmation de soi par laquelle le sujet s'empare de l'existence, l'investit de toute sa force imaginative et se donne des fins. Le désir est ainsi, étrangement, tout à la fois l'expérience d'une impuissance (l'homme qui désire ne peut pas tout) et d'une puissance (l'homme désirant augmente son existence de tous les objets qu'il vise). Telle est l'ambiguïté du désir pour la réflexion philosophique : il est synonyme de liberté et de bonheur, mais aussi de frustration et d'inquiétude, voire d'irrationalité. Il faut donc saisir la nature du désir, ce qu'il vise et enfin les problèmes moraux qu'il pose.

I)                    Le désir comme trouble

a)        le désir comme le signe d’un manque : Platon (Le banquet) p101 (Bréal)

b)        le désir comme complément du sujet : Levinas (Ethique et infini) (Bréal)

c)        le désir comme besoin : désirs nécessaires/désirs conditionnels (Hatier p 84)

II)                  Le mystérieux objet du désir : << nous ne désirerions guère de choses avec ardeur, si nous connaissions parfaitement ce que nous désirons >> (La Rochefoucauld)

a)        l’objet du désir, c’est il n’y a rien de plus beau que ce qui n’est pas : Rousseau, La nouvelle Héloïse Hatier1 p 79

b)        l’objet du désir, c’est le désir : Rousseau p 108 Bréal

c)        le désir n’a pas d’objet : Schopenhauer p 109 Bréal

d)        l’objet du désir, c’est le désir d’un autre : Hegel, Kojève, Hyppolite, Girard

III)                La classification des désirs

Epicure : désirs naturels / désirs nécessaires

Rousseau : la logique du luxe

IV)                Le désir comme amour d’autrui

a)        Aimer vraiment autrui, c’est désirer son bonheur : Leibniz p 112 Bréal

b)        Bergson : le désir amoureux imite le désir de Dieu p 114 Bréal

V)                  La maîtrise des désirs

a)        La volonté reine des facultés : Epictète Hatier1 p 86

b)        Changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde ; Descartes

c)        L’idéal ascétique : haine de soi et haine de la vie : Nietzsche p 88

Nietzsche au travers de ce texte s’en prend à Schopenhauer et notamment à la doctrine bouddhique qu’il soutenait qui vise à l’extinction du désir. Selon le bouddhisme, c’est le désir, c'est-à-dire la soif d’existence qui est la cause de la douleur, aussi, on doit tâcher de se délivrer des voluptés trompeuses et des soifs inassouvies.

d)        Raison et passion : Spinoza ; Ethique V, prop 4, scolie p 89 Hatier 1

Conclusion

Faut il libérer le désir ou se libérer du désir ?

Publié dans Philosophie

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