Notre situation (suite 0) : ce qui est significatif : Aristote et nous...

Publié le par Pierre GAPENNE

Qu'est-ce qu'il y a qui est vraiment ? Macron, pas plus que Onfray ni la gauche statufiée n'ont la légitimité pour avoir le monopole de faire l'ontologie du réel...

Qu'est-ce qu'il y a qui est vraiment ? Macron, pas plus que Onfray ni la gauche statufiée n'ont la légitimité pour avoir le monopole de faire l'ontologie du réel...

Notre situation (suite 0) : ce qui est significatif : Aristote et nous...

 

 

 

(In girum imus nocte et consumimur igni : nous tournons en rond dans la nuit et nous nous consumons dans la flamme du feu)

 

I) Tout sur le Traité du Tout Monde : un t raité thérapeutique pour les maltraités

 Notre situation (suite 1) 

II) Le lieu commun de la Relation : l’émondation et l’immondation

 Notre situation (suite 2) 

III) La percée conceptuelle d’Aristote : la patience de la prudence

  Notre situation (suite 3)

IV) L’élargissement de la pensée : l’oikéion, l’hexis et l’habitus

  Notre situation (suite 4)

V) La réduction de l’eidétique à l’imitation et à la libéralité

 Notre situation (suite 5) Notre situation (suite 6) 

VI) L’ordre de l’action par le bonheur et la prudence

  Notre situation (suite 7) Notre situation (suite 8)

               
       

                Introduction                                                                                                                                                                                                                                                                                    : reconsidérer Orphéo Négro

                 En 1952, Frantz Fanon élève de Aimé Césaire publie Peau noire et masques blancs : il y est question des millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir et le larbinisme. Il s’agit dans le prolongement du Discours sur le colonialisme[1], de faire une analyse, du point de vue psychologique de ce que le colonialisme a laissé en héritage à l'humanité, et ceci en partant du rapport entre le Noir et le Blanc. Nous n’avons qu’un seul devoir, celui de ne pas renier notre liberté. Nous nous découvrons un jour dans un monde où les choses font mal, un monde où l’on nous réclame de nous battre où il est toujours question d’anéantissement ou de victoire. Nous nous découvrons dans un monde où l’autre interminablement se durcit. La cristallisation de la culpabilité dans la mémoire du passé ne nous donne pas le droit de rechercher en quoi une race est supérieure ou inférieure à une autre. Les moyens que nous avons pour piétiner la fierté de l’ancien maître, c’est le devoir d’exiger réparation pour nos ancêtres domestiques. Nous n’avons plus ni à murmurer notre reconnaissance, ni à crier notre haine, il n’y a plus ni de mission nègre, ni de fardeau blanc. C'est tout un jeu de définitions qui se font par différenciations, et pour cela Fanon pose les bases d’une analyse linguistique qui s’occupe du nègre moderne. On y prend le Noir actuel et l’on essaie de déterminer ses attitudes dans le monde blanc.

 

         Fanon consacre son travail à une tentative d'explication psychopathologique et philosophique de l'exister du nègre (exister, c'est faire exception dit Cioran) : l'analyse est surtout régressive et c'est peut-être là un des mérites de son témoignage, il a essayé de rendre compte d'une situation. Nous avons le droit de nous déclarer insatisfait. L’expérience vécue du Noir est importante à plus d'un titre. Il montre le nègre en face de sa race. On s'apercevra que ce qu'il n'y a de commun entre le nègre qui cherche à coucher avec la Blanche et celui qui désire être Blanc, c’est une soif de vengeance. Nous assistons aux efforts désespérés d'un nègre qui s'acharne à découvrir le sens de l'identité noire. La civilisation blanche, la culture européenne ont imposé au Noir une déviation existentielle. Il montre ailleurs que souvent ce qu'on appelle l'âme noire est une construction du Blanc. Le Noir évolué, esclave du mythe nègre, spontané, cosmique, sent à un moment donné que sa race ne le comprend plus. Alors il s'en félicite et en développant cette différence, cette incompréhension, cette disharmonie, il y trouve le sens de sa véritable humanité. En 1961, Fanon publie Les damnés de la terre[2] dans lequel il se penche cette fois ci sur la condition de misère des colonisés en Algérie : le bien être et le progrès de l’Europe ont été bâtis sur la sueur et les cadavres des colonisés. Cela, nous avons décidé de ne plus l’oublier. L’essentiel, c’est qu’il y est question des séquelles psychiatriques de la domination tout à fait comparables aux troubles mentaux auxquels Glissant fait également allusion. La vérité, c’est que la colonisation se présentait comme une grande pourvoyeuse des hôpitaux psychiatriques aussi, << je veux que ma voix soit brutale, non pas belle : je la veux de part en part déchirée parce qu’enfin je parle de l’homme et de son refus de la pourriture ou de son épouvantable démission >>. La désaliénation de l’homme noir passe par la désaliénation de l’homme blanc (le problème noir, c’est le problème des blancs) : la libération de l’esclave, de l’homosexuel, de la femme et de l’enfant, du malade et du handicapé, passe par la libération du maître et de la domination  masculine[3] adultocentrée sur la santé << normale >>.


[1] ) Aimé CESAIRE : Discours sur la colonisation ; éditions Présence africaine.

[2] ) Frantz FANON : Les damnés de la terre, Peau noire et masques blancs ; éditions Folio Actuel.

[3] ) Pierre BOURDIEU : La domination masculine ; éditions Le Point Seuil.

Publié dans Philosophie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article