Enquête sur l’Académie française / Revue Europe - Idées - France Culture

Publié le par Pierre Gapenne

Enquête sur l’Académie française / Revue Europe - Idées - France Culture

« Ils sont là quarante, qui ont de l’esprit comme quatre », disait un célèbre poète et chansonnier du XVIIIe siècle en désignant l’Académie française à un ami. Ce dont Jean Dutourd se consolait en avançant que, depuis sa fondation en 1634, l’institution avait abrité 70 à 80 hommes de génie sur 700 membres en tout, en somme 10% d’entre eux, soit en effet 4 sur quarante. On ne sait pas s’il se comptait lui-même parmi les augustes impétrants ayant nom Vigny, Lamartine, Sainte-Beuve ou Victor Hugo mais le fait est que, les fauteuils ne se renouvelant qu’à la mort de leurs occupants, ils n’auront connu chacun en moyenne que moins de vingt récipiendaires, ce qui donne à leur patine le temps de se faire, sans pour autant garantir l’immortalité, comme on peut voir. Railler l’Académie est un exercice toujours recommencé, mais à près de 380 années de distance le livre qui paraît aujourd’hui reconnaît que dans l’ensemble, la Compagnie est à ce jour d’un bon niveau et peut donc prétendre favorablement au saut dans l’éternité. Comme les académiciens sont les seuls à se reproduire, par une procédure de vote certes imprévisible mais animée par un puissant esprit de corps, on peut raisonnablement penser que le dénommé 41ème fauteuil, le plus chargé puisqu’il héberge tous les génies qui se sont vu refuser l’accès à la Coupole, va continuer à s’alléger.

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