c) Odyssée d'une réappropriation : retour sur l'expérience...

Publié le par Pierre GAPENNE

  Pourquoi (en quoi) la sentimentalité exige (mérite, suppose et présuppose) t’elle une éducation qui nous immunise ?

Pourquoi (en quoi) la sentimentalité exige (mérite, suppose et présuppose) t’elle une éducation qui nous immunise ?

 

 

Turpe est illudi (Cicéron, Des devoirs). Quoi de plus honteux que de se laisser illusionner ? 

       Préméditation Métaphysique autour de la notion de blessure métaphysique Préméditation métaphysique : la seule manière d'entrer en métaphysique, c'est d'en être touché par ce en quoi elle nous interpelle : la contradiction. Ce qui nous interpelle le plus, c'est ce qui nous laisse une empreinte marquée au fer rouge, c'est cela seul que nous gardons en mémoire. La mémoire affective d'une douleur (comme dit Marguerite Duras), c'est cela qui nous rappelle à son bon souvenir : qui dira jamais assez le mal qu’une blessure métaphysique peut faire ? (que l’on s’est fait ?) La nature de cette blessure métaphysique est à chercher dans la perspective que je propose ici dans la notion de désir métaphysique au sens de René Girard : bien sûr, cette notion de désir métaphysique ne recouvre au fond rien d’autre qu’une sorte de vanité, de prétention ou une espèce d’orgueil, de haine impuissante, de suffisance, une façon d’exprimer un besoin de succès, de célébrité, de richesse, de jeunesse ou de pouvoir (autant de choses qui ne dépendent pas ou guère de nous).
                 Pourquoi (en quoi) la sentimentalité exige (mérite, suppose et présuppose) t’elle une éducation qui immunise ?  

La sensibilité est elle susceptible d’un perfectionnement, d’une expérimentation ou d’une expertise ?  

                La transparence, si elle est rare et difficile et qu’elle nous en coûte, (r)est(e) possible et souhaitable, même et surtout si elle est aussi presque toujours assez improbable : c’est même un horizon indépassable, c'est-à-dire indéclassable. Ceux-là mêmes qui s’y refusent sont les indécrassables, ce sont ceux qui ont renoncé à la vérité du bon goût et à la légitimité d’un aloi honnête : le devoir de faire beau,  grand et bien s’impose à nous tous. L’obstacle à la transparence, c’est l’obscure clarté des demi-teintes du plaisir qui doit déboucher la pureté diaphane de la joie sans mélange. 

A partir de Pierre Burgelin La philosophie de l’existence de Rousseau et de Claude Habib Le consentement amoureux.  

                Tout cela pourra sans doute, bien paraître un peu dérisoire, trente ans après : pourtant si je peux à peu près en rire aujourd’hui, c’est que je me suis mis en capacité de comprendre tout le comique de la farce de la comédie humaine de cet épisode que nous avons vécu de nos sociétés qui comme tant d’autres, sont assez cruels : aussi s’il n’entre pas tant tellement dans mes intentions d’accabler qui que ce soit, [pas même ce pauvre misérable, ce minuscule qui s’est cru (bien)heureux en prenant un malin plaisir (une jubilation maligne à voir autrui souffrir ou à l’humilier ce qui constitue sans doute à ses yeux un brevet de son code de virilité) à m’apprendre le jour du cinquième anniversaire de la mort de Claude, qu’il avait eu régulièrement des rapports sexuels avec elles apparemment dès 1979, à ma barbe, au su et vu de tout le monde (sauf de moi)], c’est que je prends sur moi de débrouiller les causes du mal, du moins de ce mal là que l’on m’a fait sentir. J’avais cru lorsque nous avons quitté Villers que nous avions au moins évité les histoires de cul si communes par ailleurs dans les regroupements de personnes, aussi se voir doubler par un motard marié bourgeoisement, prétendument éducateur, c’est quelque chose qui ne m’étais pas venu à l’idée. (A ce propos, on a tout lieu de penser qu’il s’est comporté à peu près comme un tuteur incestueux auprès des aspirantes au métier) Je veux d’autant moins accabler quiconque qu’après tout, je me rends assez bien compte que Claude au fond depuis presque le début de notre relation, me méprisait assez largement, néanmoins, je note tout de même que ce mépris était pour une bonne part induit par les milieux sociaux dans lesquels elle était placée qui précisément n’ont pour exister comme moyen de se légitimer que de snober ceux avec lesquels ils sont mis en concurrence (à moins que soit de l’émulation). On raconte ainsi qu’Orphée fût mis en morceau par quelques ladies de la Thrace qui lui en voulaient de s’être fait recevoir dans la loge des amis d’Harmonie. << Envoyons le, dirent-elles,  rejoindre son Eurydice qu’il fait mine de tant regretter >>. Pourtant, si on ne saurait imputer la responsabilité d’une pareille ignominie en propre à quelqu’un en particulier, je ferai remarquer en premier lieu que c’est bien par l’effet d’une espèce de machination que l’on m’a fait jouer le plus mauvais rôle de cette hypocrite mascarade. Victime d’une machination ou d’un complot, même si j’admets volontiers, qu’<<en amour comme à la guerre, la ruse soit de bonne guerre >>, je rage encore : se retrouver piégé dans un système de complicités mensongères, cela laisse, une impression de profond malaise très désagréable. Même si je n’attends pas forcément de mon prochain que des gentillesses (encore que pour nous autres qui avons travaillé Levinas, ce soit là des mœurs barbares et que nous serions tout disposé à défendre une philosophie de la gentillesse), même si nous n’ignorons pas tout à fait ce travail de la mauvaise foi ambiante, nous avons tout lieu peut-être de considérer que persévérer trente années dans le mensonge, cela constitue bien quelque chose comme une espèce de plan diabolique.

                Dans la famille << tuyau de poêle >>, je veux le traïtre. Dans ce réseau de complicité de menteurs actifs et de menteurs passifs, de menteurs principaux et de menteurs satellites, de menteur par omission et de menteurs avec l’intention manifeste de tromper les autres, comment ne pas voir une association de malfaiteurs ? La boucle va se boucler en érigeant un ordre en un système de légitimation d’un ordre symbolique de préjugés de classe et de stéréotypes professionnels : dans l’entre-soi de la coterie du petit clan de votre famille, comment j’ai pu devenir un objet de risée : je me souviens de cette manière dont vous ringardisiez ce qui se faisait chez les Francas alors qu’aux CEMEA, c’était prétendument tellement mieux. L’entre-soi nous place sous la menace d’être un objet de moquerie : quand je pense que j’ai du supporter la ridicule propagande pacifiste gauchiste de pacotille d’un François Béranger, cela me rend mauvais. En philosophie, la sensibilité désigne la faculté de percevoir par les sens ; en économie, la sensibilité d'un instrument financier, comme par exemple une obligation, mesure la variation, en pourcentage, de son prix compte tenu d'un mouvement donné des taux d'intérêt ; en psychométrie ou en psychologie différentielle, la sensibilité est la capacité que possèdent des items à discriminer des sujets ; en art, la sensibilité artistique désigne l'inclination personnelle face à la beauté et à la délicatesse se rapproche de l’inclination amoureuse. Dans l’ordre de la mentalité des populations, la sensibilité est ce caractère dont on leur fait la réputation, apprécié en termes d’intelligence et de cœur, de celle ou de celui qui aime. En photographie, la sensibilité est une grandeur utilisée pour définir la capacité de la pellicule en photographie argentique ou du capteur en photographie numérique à percevoir la lumière qui lui est envoyée. On parle de sensibilité ISO donnée couramment en ASA. En métrologie, la sensibilité s'exprime par le quotient de la variation de la grandeur de sortie S par la variation correspondante de la grandeur mesurée autour de la valeur G. Autrement dit, en toutes choses, la sensibilité est première.

 

                Fouler aux pieds la sensibilité, escamoter la délicatesse, c’est cela même qui est quasiment criminel. L’insensibilité aux malheurs des autres, c’est cela qui nous répugne le plus (nos sensibilités valent mieux que vos statuts : le fait de sacrifier la sensibilité des autres à l’ordre statutaire de l’ordre établi) : je pense ici à l’attitude de Arnaud et de Claude quand mon frère Jean s’est suicidé en avril 1981. Leur indifférence à ma détresse me fait encore frémir. C’est effectivement une geste assez caractéristique des appareils idéologiques que de ne plus voir dans de tels événements que des sensibleries compassionnelles. Jusque dans le malaise nerveux, il faut croire que et il semble bien que j’ai gardé à peu près tout de même, quelque chose d’à peu près sain : même dévasté ou bouleversé par le choc de l’émotion, un profond attachement a quelque chose comme un pouvoir de s’accrocher à moi-même qui me faisait tenir debout. La blessure métaphysique qui m’a été infligée par cette machination d’un mensonge entretenu par des complicités assassines, a eu bien du mal à se cicatriser surtout à la lumière des attendus et des conséquences que je suis désormais à même de tirer de la duplicité de tout le vécu de ce bout d’existence pourri et empoisonné par votre petit clan qui a entretenu la dissimulation d’un secret sensé sans doute vous procurer un avantage. La raison me tue, et comme Rousseau le dit quelque part dans sa correspondance, je me suis parfois dit aussi : << je voudrais être fou pour être sain >>.

 

                Dans ce qui suit, je tâcherai de nous épargner tout le pathos des ressentiments et des dérangements psychiques que cela peut valoir à celui qui a ainsi été persécuté, mais pourtant, je dois à la vérité de dire que lorsque manifestement, des gens ont eu l’intention de cette manière de manipuler les états mentaux des autres, de leurs proches ou de leurs lointains, c’est qu’ils possèdent solidement arrimé à leur mentalité, quelque chose comme une volonté de nuire, peut-être une volonté sinon d’éliminer l’autre, du moins de le diminuer et de le dominer. Je sais bien qu’on me rétorquera que c’est le propre du sens commun de l’opinion de procéder ainsi : mais je n’arrive plus ou pas, en vérité, je n’ai jamais réussi à me départir d’un sentiment de honte quand je repense à toute cette mascarade qui s’est déroulé sur une longueur de temps de cinq à six années. Aussi, on peut sans doute estimer qu’à quelques exceptions près, le domaine propre de toute vie intérieure n’est déterminé que par la mémoire des vécus des frustrations et des échecs de toute relation satisfaisante avec la réalité extérieure. Tout fait obstacle à la transparence et à la communication : nos attentes sont le plus souvent déçues. Nos méditations et nos réflexions se nourrissent de ces obstacles : notre imaginaire et tout l’appareil de notre imagination est construit sur ce repliement et ce recueillement de notre intériorité dans notre intériorité. Le ressort même de nos impulsions vitales repose sur cette assise. Mais là encore, pas question de réduire ces mauvaises petites pointes de méchancetés de tout un chacun à un jeu de jalousies et d’envies mesquines qu’on voit partout. Tout cela fait parti du système des petites gens qui sont à l’affût des faiblesses des autres pour fondre sur eux comme des prédateurs sur leurs proies : (c’est le contraire de la bienveillance, de la charité ou de la pitié rousseauiste ou schopenhauerienne).

 

                Comment j’en étais venu à fréquenter votre engeance ? C’est ce qu’on tentera d’abord de reconstituer pour en venir ensuite à décrire pour de bon : comment de prétendus braves gens de bonne réputation pourtant, peuvent s’avérer des petits persécuteurs perfides et pervers. Donc tout commença par cette rencontre avec Claude à laquelle je me suis attaché sans doute très exagérément : je sortais de mon service militaire en novembre 1975, période durant laquelle j’ai lu à peu près tous les grands romans de William Faulkner, (ce à quoi il faut ajouter c’est que j’avais lu quelques années auparavant Anna Karénine de Léon Tolstoï) j’étais tout particulièrement en bonne forme, le monde entier me semblait promis. J’étais un camarade de son frère Philippe et je l’avais rencontrée une première fois chez sa mère Paulette. J’ai été amené à la revoir quelque temps après un soir assez tard où je lui ramenais quelque objet (je ne me souviens quel il fût) dans un appartement situé au troisième étage du 80 de la rue Laurendeau d’Amiens.

                Lorsqu’elle me proposa de prendre un café et que nous fûmes attablés, ce fût l’occasion de lui prendre la main : nous devions passés une nuit assez inoubliable. Davantage que le plaisir même, ce fût pour moi, un moment de grande effusion d’un lyrisme tempétueux dans lequel je m’imaginais pouvoir rejouer tous les drames amoureux. Je rencontrais bientôt Laurence et sa sœur Nathalie chez qui elle logeait en colocation. En février de l’année suivante, à savoir la fameuse année 1976 qui fût si chaude, nous continuâmes à nous fréquenter surtout lorsqu’ils allèrent s’installer dans le haut de la rue Jean Moulin. Nous devions je crois être assez éblouissants : elle, une brunette aux yeux verts ayant des formes somme toute assez généreuses quoi que et moi un blondinet svelte assez avenant mais assez souvent intimidé par pudeur. Donc, non pas seulement, une idylle légère mais bien plutôt quelque chose comme un coup foudroyant, un choc émotif qui suscitait l’envie d’emblée de la mettre en vie dans une espèce de mise en scène de toute une vie : notre relation dans les quelques mois qui suivirent furent très riches (Nous envisagions d’avoir un enfant que nous appellerions Hélène : suite à la colonie que nous avons encadré à Morzine dans le chalet de l’OPEPS, Claude sous les instances des conseils de ses camarades Nathalie et Laurence, s’est faite avortée à Thonon les Bains fin août 1977).

                Notre vie affective est ponctuée par la mobilité de nos impressions et la motilité de nos émotions (Maine de Biran) produites par les rencontres que nous faisons : elles sont toujours liées à l’opportunité d’un moment et d’une circonstance : si la sensibilité de ceux qui nous entourent ou de ceux que nous rencontrons peut parfois être un objet d’admiration et peut nous inspirer quelque fois de la sympathie et une certaine curiosité, le plus souvent, la sensibilité des autres nous gêne et nous dérange, peut-être surtout précisément parce qu’elle n’est pas comme la nôtre. Nous sommes alors tentés de croire, de penser ou de juger que cette sensibilité est mal venue, qu’elle est de mauvais goût, qu’elle est bizarre et qu’elle n’est que de la sensiblerie ou une forme de barbarie qui nous répugne ou nous révulse. << La sensibilité de l’homme aux petites choses et l’insensibilité aux plus grandes choses est la marque d’un étrange renversement >>, dit Pascal au § 182 - 198 des Pensées et << Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. Mais la fantaisie est semblable et contraire au sentiment ; de sorte qu'on ne peut distinguer entre ces contraires. L'un dit que mon sentiment est fantaisie, l'autre que sa fantaisie est sentiment. Il faudrait avoir une règle. La raison s'offre mais elle est ployable à tous sens >>, [] dit il encore dans L’esprit de géométrie. << N'est-ce pas précisément cela "comprendre" ? Sentir qu'on saisit l'indéfinissable, l'indispensable >> << Le sentiment est la perception du corps réel modifié par l'émotion >>. Dans l'expression << J'ai le sentiment que...>>, le mot «sentiment» ne désigne jamais un sentiment tel qu'il est défini dans cet article, mais plutôt un jugement ou une impression. Il serait donc plus précis de remplacer cette expression par << J'ai l'impression que...>>.

                Toute émotion, tout sentiment et à fortiori toute passion marque un défaut d’adaptation. C’est dire qu’au travers du sentiment qu’elle exprime, de l’émotion qu’elle fait naître ou de la passion qu’elle entraîne, la sensibilité peut parfois bouleverser nos manières d’être habituelles et dérégler nos affections en opérant des interversions de valeurs et surtout des dissonnances cognitives : il est vrai dès lors qu’elle peut être perçue comme excessive, comme une irritation lancinante qui nous démange ou comme un agacement qui nous embête et même parfois comme une honte qui nous indigne. Mais la sensibilité peut aussi constituer une espèce de régulateur qui absorbe les chocs de l’émotion : ceux qui (s)ont (d’) une sensibilité à fleur de peau, sont aussi souvent passionnés de poésie et de musique : l’art sublime a pour fonction de compenser par les artifices de l’imagination, ce qui les prémunit de la violence de leurs affects. Ainsi, on a pu donner le change à la sensibilité en la soustrayant à l’empire des sens et des sensualités par le dévoilement de la conscience morale : l’âme n’obéira plus au corps, elle le dominera. Il est notoire à ce propos que nous pouvons être sensible à l’insensibilité des autres : que nous soyons exaspéré de nous rendre compte que certains puissent ne pas être touchés par une œuvre d’art, que nous soyons écœuré et accablé par le caractère immoral d’un acte ou d’une situation dont nous sommes les témoins. Notre méthode sera à la fois physiologique et à la fois psychologique : elle usera des forces internes pour détourner l’intérêt et l’imagination. On a de prise sur les passions que par les passions et la sensibilité ne fraie sa voie qu’à la faveur des courts répits que les expériences de la vie peuvent nous ménager.

                Autrement dit, je voulais sortir de nos conditions petites bourgeoises et de la médiocrité de leurs conditionnements corporatistes pour accéder à la vraie vie. Sans doute parce que ma famille était toute empreinte d’une belle simplicité et d’une douceur sans détours, j’étais moi-même d’une innocence et même probablement d’une ingénuité dont on peut se faire une idée qu’en la qualifiant de candide idiopathie. Si je me suis efforcé de saisir la figure de l’enfant que j’avais été quelques années auparavant et du jeune homme que j’étais devenu alors, c’est que j’ai souvent considéré que l’enfance n’est pas tant l’histoire d’un passé révolu que la promesse d’un avenir sur laquelle la plupart des adultes ferment les yeux. Enfant, j’étais plutôt désordonné, rêveur et insouciant, nous étions assez bien entourés et ma foi, il n’y avait pas lieu de craindre quoi que ce soit. Aussi, je n’étais pas très prudent, j’étais même sans doute un tantinet aventureux et souvent même présomptueux. Jeune homme, j’ai gardé l’allure de ces premières impressions mais j’ai aussi été assez tôt  (entre douze et seize ans) habité par l’idée qu’il importait au plus haut point d’acquérir une Vraie Connaissance : j’ai d’abord été sensible à l’éloquence harmonieuse de la poésie et plus tard à la beauté et à l’élégance des mathématiques, ainsi qu’à celle de la musique. Une certaine force propre d’innocence (qu’on pourrait utilement rapprocher de la notion de droit naturel des traditions des peuples) m’a permis de résister aux empiètements de cette technocratie : une inertie salutaire face aux progressismes envahissants des modernismes intempérants. Alors tout d’un (à) coup, avec une violence irrésistible, s’est imposée à moi l’idée d’un graphique qui schématiserait ma vie et au même instant j’ai su très exactement comment il faudrait s’y prendre : je pouvais désormais explorer mon passé, en comprendre les esquisses et en saisir le sens des réponses permanentes qui s’y dessinaient d’elles-mêmes traçant les vrilles des entrelacs d’un labyrinthe : statistiquement, la sensibilité d'un essai dichotomique est la probabilité d'obtenir un résultat positif lorsque la condition est présente. Il y a certes dans l’élan amoureux le germe universel de l’attente d’une unité présomptive mais nos existences sont très exposées aux convoitises. Hurler sans bruits. Une petite note de poésie, une corde qui fait vibrer, une étincelle. En fonctionnement automatique, les fonctions de la sensibilité de notre système nerveux, de notre appareil parasympathique permettent de déterminer les performances d'un régulateur à être réactif aux changements d’une situation initiale. Dans sa physiologie, Lamarck la dénommait encore : l’irritabilité. Il introduisit la notion de sensibilité comme la propriété d'un être vivant à capter un stimulus et à y répondre. La sensibilité générale ou somesthésie désigne l'ensemble des sensations conscientes liées à la stimulation du corps, par opposition aux autres sens et la cénesthésie et la sensibilité désigne la probabilité d'avoir un signe particulier si on présente une certaine maladie.

                La sensibilité tient à la fois du sentiment et de l’opinion : il semble bien que chaque fois que nous éprouvons des sentiments qui heurtent nos opinions comme c’est le cas lorsque nous somme pris par la passion et chaque fois que nous adoptons des opinions sans sentiments par nos conformismes sans doute le plus souvent, celle-ci soit mise à mal. << Ce qui n’en souffre point est cependant l’assujettissement de l’homme à la douleur, aux maux de son espèce, aux accidents, aux périls de la vie, enfin à la mort ; plus on se familiarisera avec toutes ces idées, plus on le guérira de l’importune sensibilité qui s’ajoute à l’impatience de l’endurer ; plus on l’apprivoisera avec les souffrances qui peuvent l’atteindre, plus on leur ôtera, comme eût dit Montaigne, la pointure de l’étrangeté ; et plus aussi l’on rendra son âme invulnérable et dure ; son corps sera la cuirasse qui rebouchera tous les traits dont il pourrait être atteint au vif >>. (p 165). Accepter d’être sensible, c’est consentir à se laisser saisir par les souvenirs des cristallisations des expériences enfantines, des expériences amoureuses.

                Je ne suis sans doute pas plus pur que les autres, mais en tout cas, j’étais le plus vulnérable et il n’est pas question de, il n’est pas possible de faire de la faillibilité ou de la faiblesse des gens un argument qui puisse justifier une domination qui piétine la sensibilité des autres. Les staliniens précisément ont été ceux qui ont fait fi de la sensibilité des autres (mais non tout cela n’est pas de la sensibilité, c’est de la sensiblerie, qu’ils disent) Je n’attends pas  forcément un pardon (encore qu’Arnaud ait prononcé quelque chose comme ça), mais quelque chose comme la reconnaissance que nous avions tous un devoir de transparence qui n’a pas été respecté. Vous nous avez gâché et gâté le goût : dans un monde où la vie présente se maintient dans sa vieille atmosphère de stupre, d’anarchie, de désordre, de délire, de dérèglement, de folie chronique, d’inertie bourgeoise, d’anomalie psychique, ce n’est pas l’homme mais c’est le monde qui est devenu un anormal, d’une malhonnêteté voulue et d’une insigne tartufferie, d’un mépris crasseux de revendications d’un ordre tout entier basé sur l’accomplissement d’une primitive injustice, de crimes organisés ; enfin ça va mal parce que la conscience malade a un intérêt capital à cette heure à ne pas sortir de sa maladie. Un bovarysme en univers stalinien : voilà à peu près ce qu’a été notre histoire. Si le kitsch est l'expression de l'innocence, le lyrisme des << idylles de l'expérience >>  est l'expression peut être d'une certaine << joliesse >>, un bovarysme désenchanté à la manière du Milan Kundera de L'insoutenable légèreté de l'être notamment. C’est un univers où la violence fielleuse de la haine rompt toutes les digues sous les fourches caudines des traits empoisonnés d'un certain bovarysme : là les réalités passionnelles se convulsent.

                Comment enseigner ou éduquer quand tout le monde ment (monumentalement) ? Les maladies sociales de l’enseignement et de l’éducation ne sont probablement en réalité que les symptômes des retours du refoulé (pro ou re)venus du mensonge des corporations enseignantes et éducatrices soucieuses plus de garder le monopole de la confiscation des fonctions de leur profession que porteur d’un projet d’avenir pour la jeunesse : l’enfance et la jeunesse sont dans nos sociétés, les populations les plus endommagées par ce système frauduleux : c’est un tour de passe-passe qui a truqué et maquillé les rapports de domination ou de violence de toute notre société : quand une société a honte d’elle-même, c’est qu’elle se ment à elle-même. Une société qui ne s’enseigne pas, c’est une société qui ne s’aime pas, qui ne s’estime plus, qui finit par se répugner et se dégoûter des petites tortures psychologiques que tout un chacun inflige à ses semblables. Je ne suis ni un misanthrope, ni un délicat qui dédaigne de mentir comme tout le monde mais je dois dire que quand je me rends compte de ce qui s’est passé à Villers-Bretonneux, j’ai honte pour nous tous. (Il y aurait là aussi sans doute tout lieu d’épargner Robert). Il y a tout de même eu là quelque chose comme des bassesses assez crasses qui ont calomnié l’idée que je me fais de ce que nous aurions du être. 

Qui peut dire que l’esprit du menteur est intact ? La bouche qui ment tue l’âme.

Ce qui sort de la bouche qui ne vient pas du cœur, c’est de la vomissure qui souille.

                On nous cache tout, on (ne) nous dit rien. Qui pourrait songer à nier l’importance de la transparence, semblerait sans doute vouloir défendre la corruption, le délit d’initié  ou la tricherie et combattre la cohésion sociale et pourtant, cette notion qui est devenue à peu de chose près un synonyme de la communication est peut-être aussi une qualité assez ambiguë, un trompe-l’œil si tant est que cette exigence s’avère une mise en scène les apparences d’un discours : on donne à voir de choses peut-être pour mieux en cacher d’autres. Vos conduites d’alors sont à rapprocher de celles-là. Ceux-là même qui sont les plus secrets ou les plus opaques paraissent faire d’autant plus appel à ses prétendues vertus de transparence qu’elle couvre mieux ainsi leurs intentions de manipulations. L’accès libre à des informations fiables est un présupposé de la démocratie : c’est le facteur décisif minimal et fondamental de toute méthode de vie saine de toutes sociétés : elle améliore les systèmes qui nous obligent à rendre des comptes sur nos agissements (transparence des prix, transparences sur le pouvoir des médicaments, des revenus, des comptes des institutions publiques). La volonté de dissimulation est plus souvent due à notre inertie ou au souci de ne pas vouloir affoler les populations : on veut limiter les effets négatifs des informations sur les vices cachés, sur des défauts ou des imperfections (d’une occasion par exemple) qu’on divulgue sur les impacts de telle ou telle activité. La transparence devrait toujours être un moyen pour éviter les effets pervers, la panique sociale et pour rendre cohérent le discours politique, les réseaux sociaux masquent souvent sous un flot d’informations anodines des éléments sensibles : on publie en remplaçant les termes sensibles comme contamination par  présence fortuite, on évite les conséquences néfastes des interprétations tendancieuses. On joue la transparence, on prend le pari qu’elle pourra avoir raison des risques que fait courir la mise au jour d’informations fiables pour susciter la confiance. On donne ainsi du crédit à cette source d’information qui délivre la bonne nouvelle. La prise de conscience de toute l’importance de cette notion de transparence se voit peut-être le mieux par les droits d’alerte environnemental de pratiques suspectes ou biaisées: la mis en évidence de malversations, d’exactions ou de prévarications peut nous mettre en danger. Un excès de transparence peut aboutir à mettre la pression sur ceux qui font des comptes inexacts pour débusquer des actes de dissimulation. Les zones d’ombre de la transparence : elle a des effets pervers qui deviennent inaudibles par une activité normale : l’idée que plus de transparence nous permettrait d’être mieux armé face au crise, semble implacable et pourtant on ne saurait survaloriser par exemple la transparence d’un général qui annoncerait à l’avance l’endroit où il va attaquer (le général Nivelle Aux chemins des dames) : intrinsèquement, une entreprise ne peut pas dévoiler les brevets de ses produits, il faut parfois faire mystère sur une part de ce qui doit rester secret. Transparence oblige, la surenchère sur la transparence de certains renseignements peut mettre en danger des agents : ce qu’il faut taire : il faut être prudent et examiner au cas par cas : le secret est peut-être aussi un ferment de la conscience. On peut afficher la montée en puissance de l’importance de cette notion de transparence dans une stratégie de communication pour mieux dissimuler en toute impunité, des intentions secrètes. La transparence a un coût : les moyens qu’on utilise à celle-ci ne sont pas utilisés ailleurs à autres choses : qui contrôle cette transparence : on veut faire croire que la réciprocité de la transparence est évidente alors qu’en réalité, elle est le plus souvent assez improbable. Il faut donc conclure qu’elle n’est applicable qu’à un public déterminé dans un temps déterminé pour des thèmes déterminés : les dérives de ses excès sont parfois plus menaçantes que le manque tout relatif de transparence inhérent à toute situation. Notre sensibilité à la transparence, à ses déficits ou à son absence est d’autant plus exacerbée que nous sommes plus exposés aux exactions des adversités de notre expérience. L’intimidation opacifie notre relation au monde parce qu’elle inhibe nos affects. Les néolangues (celles des pédagogues notamment) qui rabâchent et manipulent sans relâche des termes mots-valises (comme ceux de crise, de capitalisme ou de croissance) réduisent toute la complexité du monde à des jargons inauthentiques.

                C’est là comme une espèce de bilan de ce qui nous est arrivé, c'est-à-dire de ce qui m’est tombé dessus : je suis à peu de chose près comme ce Billy Budd de Hermann Melville embarqué dans la galère (Hannah Arendt, Essai sur la révolution, p 115 - 125) de l’éducation : pour ma part, je crois que le bon sens naturel (dont on trouve la théorie dans l’Emile) est bien supérieur à toutes ces artificialisations de toutes les formations de l’Education autoproclamée et dite prétendument Populaire ou même de l’Education Nationale. (IUFM). Tout aura été à peu de choses près bidon ou << bidonné >> : << là où la passion, la capacité de souffrir, et la << compassion >>, la capacité de souffrir avec autrui, s’arrêtaient, là commençait le vice. L’égoïsme est une sorte de dépravation naturelle >>. Je me souviens que nous avions regardé avec Nathalie dans ces années 77, 78 ou 79 (sur un téléviseur en noir et blanc) les deux premiers films de Claude Chabrol, Le beau Serge et Cousin, cousin, qui précisément mettent en scène et en évidence ces biais mesquins des relations sociales.

    Dans La Physiologie du mariage et dans Petites misères de la vie conjugal, Balzac nous avait pourtant prévenu : << Les femmes les plus vertueuses ont en elles quelque chose qui n'est jamais chaste >>. Ainsi l'erreur de Rousseau a été l'erreur de son siècle. Il a expliqué la pudeur par les relations des êtres entre eux, au lieu de l'expliquer par les relations morales de l'être avec lui-même. La pudeur n'est pas plus susceptible que la conscience d'être analysée ; et ce sera peut-être l'avoir fait comprendre instinctivement que de la nommer la conscience du corps ; car l'une dirige vers le bien nos sentiments et les moindres actes de notre pensée, comme l'autre préside aux mouvements extérieurs. Les actions qui, en froissant nos intérêts, désobéissent aux lois de la conscience, nous blessent plus fortement que toutes les autres ; et, répétées, elles font naître la haine. Il en est de même des actes contraires à la pudeur relativement à l'amour, qui n'est que l'expression de toute notre sensibilité. Si une extrême pudeur est une des conditions de la vitalité du mariage comme nous avons essayé de le prouver (voyez le Catéchisme Conjugal, Méditation IV), il est évident que l'impudeur le dissoudra. Mais ce principe, qui demande de longues déductions au physiologiste, la femme l'applique la plupart du temps machinalement ; car la société, qui a tout exagéré au profit de l'homme extérieur, développe dès l'enfance, chez les femmes, ce sentiment, autour duquel se groupent presque tous les autres. Aussi du moment où ce voile immense qui désarme le moindre geste de sa brutalité naturelle vient à tomber, la femme disparaît-elle. Ame, cœur, esprit, amour, grâce, tout est en ruines. Dans la situation où brille la virginale candeur d'une fille d'Otaïti, l'Européenne devient horrible. Là est la dernière arme dont se saisit une épouse pour s'affranchir du sentiment que lui porte encore son mari. Elle est forte de sa laideur ; et, cette femme, qui regarderait comme le plus grand malheur de laisser voir le plus léger mystère de sa toilette à son amant, se fera un plaisir de se montrer à son mari dans la situation la plus désavantageuse qu'elle pourra imaginer.

<< Laissez moi vous confier ma politique de (la) femme >> dit Madame de Mortsauf dans une lettre célèbre de Le lys dans la vallée :<< les lois ne sont pas toutes écrites, faillir à ces lois secrètes, c’est rester au fond de l’état social au lieu de le dominer >> (p 183). << La question consiste à tourner, sans témoins ni preuves, les difficultés que les mœurs et les lois mettent entre vous et vos satisfactions >>. << Chacun paie sa dette à sa manière : la gravité des soins est partout en raison de l’étendue des profits et l’application de cette doctrine exige avant tout une science des manières dont la jurisprudence se trouve dans la ruse >>. << Vous devez croire la voix qui vous commande la noblesse en toutes choses : elle vous supplie de ne pas vous prodiguer inutilement. Car malheureusement les hommes vous estiment en raison de votre utilité sans tenir compte de votre valeur. Le zèle effleure la duperie, il cause des mécomptes : vous ne trouveriez jamais au-dessus de vous une chaleur en harmonie avec la vôtre : les rois comme les femmes croient que tout leur est dû >>. << Dame touchée, dame jouée : il faut avoir une main d’enfer pour se jouer >>. << Nous ne sommes pas si sottes que vous le croyez : quand nous aimons, nous plaçons l’homme de notre choix au-dessus de tout. Ce qui ébranle notre foi dans notre supériorité, ébranle notre amour. En nous flattant, vous vous flattez vous-mêmes. Si vous tenez à rester dans le monde, à jouir du commerce des femmes, cachez-leur avec soins tout ce que vous m’avez dit : elles n’aiment ni à semer les fleurs de leur amour sur des rochers, ni à prodiguer leurs caresses pour panser un cœur malade. Toutes les femmes s’apercevraient de la sécheresse de votre cœur et vous seriez toujours malheureux. Bien peu d’entre elles seraient assez franches pour vous dire ce que je vous dis et assez bonnes personnes pour vous quitter sans rancune en vous offrant leur amitié, comme le fait aujourd’hui celle qui se dit votre amie >>. Moi aussi, j’ai cherché et << je cherche (encore) l’or du temps >> : je n’ai trouvé que l’ordure : quelque chose qui n’est pas capable de résister bien longtemps aux outrages du temps. Peut-être mettrez votre insensibilité sur le compte de votre accusateur en lui disant en retour de flétrir et en le taxant d’exagération : ce qui se trame derrière les apparences, c’est les stratégies retorses, les combines rouées et les tactiques finaudes des individus qui cherchent à maximiser leurs intérêts mesquins et à accumuler leurs petits profits. Nous aussi, il nous aurait fallu nous assigner la fonction d’écouter et de voir au travers de ces petits trous des serrures. Le désir ne naît pas moins de la difficulté que de la facilité des triomphes. Les stratifications des divisions organiques du corps social, brouillent tout : << lui resta dans le Sublime Bête pour noyer son orgueil vide et sa virginité >>. Les amours jaunes de Tristan Corbière.

           Pareil à ce livre de Jacques Chessex, Les yeux jaunes où dans le pays de Rouvre, austère, calviniste, on rencontre le mal qui rôde, contagieux, comme la rage, que véhicule le renard roux aux yeux jaunes, aux dents pointues, qu’appellent à combattre, à abattre, les affiches placardées sur les murs des mairies. Le mal, la rage, habitent aussi en ce jeune adolescent, Louis, bâtard, élevé à la diable par l’Assistance Publique, roux, aux yeux jaunes, aux dents pointues, au regard fuyant, qui marche obliquement, toujours aux aguets, toujours prêt à fuir, à chercher l’issue par où se sauver. Le mal, la rage, la bête, sont tapis encore dans le for intérieur du narrateur, Alexandre Dumur, un écrivain, fils d’un prédicateur et d’une redresseuse de torts, qui rôde, lui aussi, avide du sordide, du sale, du malheur, la nuit, dans les bars louches et sur les places mal famées, et qui écrit des romans scandaleux. Le mal, le désir, le sexe, c’est également Anne, la compagne de l’écrivain, jamais rassasiée, provocante, ardente, passionnée, vicieuse, charnelle, belle, et transparente.


                Alors, quand Anne et Alexandre adoptent Louis, le mal s’épanouit, le sexe envahit la maison, puis contamine le village. La tentation atteindra, puis perdra la femme du pasteur de Rouvre, Claire Moiry, séduisante, jouisseuse, à qui Alexandre et Anne ont demandé de venir donner des leçons de piano à Louis, de qui elle devient aussitôt la maîtresse. Le vice, la tentation, le désir détruiront le couple Anne-Alexandre. Il faut dire que Louis n’a que 13 ans, et que toutes les situations sont totalement illégales, interdites, que la relation coupable entre Anne et Louis peut être qualifiée d’incestueuse, puisqu’il est son fils adoptif. Détournement de mineur, inceste, pédophilie, homosexualité, sentiment de culpabilité, délectation nauséeuse au goût du fruit défendu, voilà les ingrédients de ce roman sulfureux, dans lequel le Mal est incarné par un Louis au double visage, ange et démon, au double corps, d’enfant et d’homme, raconté par un narrateur dont le remords constant semble exacerber les désirs malsains. Ce livre se lit bien, sur deux niveaux : celui du réalisme le plus abject, et celui de l’allégorie, vieille comme le vieil homme, de la lutte incessante contre un satan créé des mêmes pièces que son pendant de dieu… Un livre qui, pourrais-je dire, met son lecteur plaisamment, et puissamment, mal à l’aise.

 

     Pierre GAPENNE  Résidence Parc de Beauvillé Appartement 335, Porte 14 
         80000 AMIENS     Professeur de Philosophie, Précepteur Conseiller, Chargé de  projet  Ingénierie de formation. Je cherche à établir des contacts en vue d'enseigner aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne : pays francophones ou anglophones.           

(  03.22.92.40.63           pierregapenne@sfr.fr        

http://fr-fr.facebook.com/people/Pierre-Gapenne/1722300238
Préceptorat et  enseignement         
    Rien n'est en notre pouvoir que la volonté elle-même, en effet, dès que nous voulons, elle est à notre disposition. Et pourtant, il avait le secours nécessaire pour pouvoir sans lequel il n'aurait pas pu vouloir mais il n'avait pas le secours nécessaire pour vouloir. p 289, Théodicée. Bref, nous n'avons pas toujours la volonté de nos intentions.
    
N i ne dit, ni ne cache, il signifie (fragment 39 ; Héraclite)

 

           Comment rendre significatif ce que l'on veut dire ? A partir de la notion de style, L'impératif du style : une sensibilité aux formes de vie reconsidérer ce qu’il en est de la connaissance et des savoirs, des attitudes et des aptitudes, des compétences et des performances, des capacités et des capabilités de nos facultés : bref, travailler à créer les conditions pour métamorphoser les sensibilités, l’habitus et l’hexis de notre être à partir d'une praxis appropriée. Professeur depuis cinq ans dans l'Education Nationale CV pierre Gapenne , je propose un enseignement rigoureux et exigeant, axé sur de la MÉTHODE. Mon contact avec les élèves ou les étudiants est très simple, les cours se déroulent dans une atmosphère détendue : je travaille à partir de consignes : il s'agit de créer des conditions de travail qui visent plus à une efficience à long terme qu’à une efficacité mécanique à court terme (l'efficacité a des visées de courte vue : la cause efficace produit des effets sans rien perdre ni dépenser d'elle-même tandis que la cause efficiente a des ambitions métamorphiques : elle est la cause qui produit son effet en se transformant en lui, même partiellement). Mon enseignement s'attache à opérer une maïeutique du style en s'employant d'abord à réformer la perception des élèves et des étudiants : on prépare l'effet en s'appliquant à expérimenter des effets sans causes, en éduquant les perceptions. La première séance est toujours une séance d'évaluation diagnostic, afin de cerner les points forts et les points faibles et ce que sont les demandes et les besoins de l’élève ou de l’étudiant pour envisager un pronostic : à savoir, Un PROGRAMME proposé en conséquence. Qu'est ce que je peux faire de moi ?

 

- Qu'est ce qu'une problématique?
             - Quelles sont les Méthodes de construction d'une dissertation ?
             - Entraînement à l'analyse de textes (commentaire, explication, synthèse   
- Stages intensifs en préparation du Baccalauréat  Programme des Terminales 
             - Préparation aux concours de Culture Générale
           - Soutien CNED Transvaluations des faits et transmutation des valeurs

 

Préparation au Bac de Philosophie. Méthodologie.
Appréhension des théories.
Rédaction de l'épreuve : emploi du temps.
Soutien toute l'année pour conserver ou acquérir le niveau souhaitable à l'examen

 

Cours de philosophie pour
Classes préparatoires : professeurs NORMALIENS ou Maîtres de Conférence.
Lycée : professeurs AGRÉGÉS ou CERTIFIÉS et EN EXERCICE EXCLUSIVEMENT ! Réinterprétation de la méthode Frederick Mathias Alexander à partir de The Principles of Psychology de William James.
L'appel de l'oeuvre : réhabiliter l'effort et le travail

Stages de vacances (à partir des vacances de février, dans la limite des places disponibles) :
- Terminale : animés par des professeurs de Terminale.
- Classes préparatoires (Supérieure, Spéciale, Hypokhâgne, Khâgne) : animés.
Dissonances et consonances


Voici le détail des principaux points généralement travaillés, afin d'obtenir une progression rapide :

= METHODOLOGIE : dissertation et commentaire de texte.
- Plan (apprendre à le construire)
- Problématique (s'entraîner à la trouver)
- Conseils et exercices pour apprendre à mieux rédiger...

= CONNAISSANCES : Mise au point et vérification des acquis.
- Révisions ou cours sur les notions au programme
- Culture générale (remise à niveau)
- Cours d'histoire littéraire et culturelle
Ajuster et ajointer

= PREPARATION examens et concours : Entraînements réguliers / correction de copies.
- Conseils pour progresser
- Mise en place d'objectifs clairs
- Savoir ce qui est attendu par les correcteurs

+ Parfaite connaissance des programmes de l'éducation nationale en philosophie, économie et français.

Progression assurée en cours d'année
Résultats aux examens très satisfaisants
Le blog qui déchire les voiles d'ignorance


- Organisme agréé : 50% de réduction / crédit d'impôts.
- Bilan du 1er contact et contrat personnalisé (après la 3ème séance) : consultables en ligne.
- Bilans réguliers consultables en ligne.
- Messagerie interne permettant de dialoguer avec le professeur.
- Forfait au nombre d'heures, achat progressif de coupons
- Coupons remboursables si non utilisés. Pâtir et compâtir

         Coaching, préceptorat et enseignement est une société coopérative d'intérêt collectif : à ce titre, les utilisateurs de ses services ne sont ni des clients, ni des usagers et encore moins des consommateurs : l'homologation de l'identité de celui-ci n'est pas déterminée a priori, elle est précisément l'objet de la transaction. Voir Escamoter le rapport marchand, escamoter le rapport de force. Dans l'idéal, ce sont des citoyens.

         De même que seul le style qui contient sa propre critique peut exprimer la domination de la critique présente sur celle du passé, de même seul le produit qui inclut sa propre critique dans son mode d'emploi, peut prétendre surmonter l'épreuve du réel. C’est trop peu dire que d’affirmer que ceux qui fréquentent l'Education Nationale ou l'Université ressentent un certain malaise, que leurs fonctions, leurs fonctionnalités et leurs fonctionnements paraissent largement déficients ou mal appropriés à la demande, aux besoins ou aux desiderata de la population (encore que, sans doute pas pour tout le monde). Encore faut il ajouter que le mérite et que les excellences qu’elles ont mis au principe de leurs pédagogies, ne s’avèrent au bout du compte que des espèces de conformismes, que la massification de l’enseignement ne vaut rien ou peu s’en faut pour la plupart. Tout se passe comme si les objets et les objectifs de ces institutions se détournaient des problèmes concrets des individus réels. Que nous devions désormais imaginer un enseignement sans divisions par classes (au sens propre et au sens figuré), voilà sans doute ce qui doit s'imposer. Ce qui importe, c'est de ne plus prendre en mauvaise part la meilleure part de nous-même : nos sensibilités ne sont pas (que) des sensibleries : nos sensibilités valent mieux que les statuts dont les professionnels des professions s'affublent. Voilà quelques uns des motifs qui nous imposent  d'imaginer la mise en oeuvre de dispositifs innovants alternatifs. Préceptorat et enseignement prend tout son sens à partir du moment où nous prenons pleinement conscience de cet état de chose.  

                En effet, avec Préceptorat et enseignement, il va s’agir de proposer des prestations individualisées et personnalisées qui aient en vue de remédier autant que possible à cet état de chose : qui dira assez l'intensité de nos émotions, la vivacité de nos impressions premières, la beauté de nos premiers émois, la fraîcheur de nos premières pensées, les impulsions décisives de nos premiers élans ! C'est de ce lieu que nous entendons faire procéder toute notre pédagogie. Escamoter le rapport marchand, escamoter le rapport de force .  Préceptorat et enseignement entend s’adresser au plus grand nombre : chacun doit pouvoir trouver sa juste place (A chacun selon son dû ou son mérite) en faisant appel à l'énergie de ses propres forces. A cette fin, nous entendons mettre tous ceux qui en font la demande en état de comprendre << ce qui nous arrive >> : comprendre ce qu’on sait, comprendre ce qu’on fait, comprendre ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas, ce qu’on peut ou ce qu’on ne peut pas >>. C’est peut être cela qui nous manque le plus : comprendre et se comprendre (attitude du jugement synthétique) et non plus seulement expliquer et s’expliquer (attitude du jugement analytique). Les contrefaçons de l'éducation ont édulcoré les saveurs et les savoirs, les plus belles émotions de nos vécus, rendons leurs toutes leurs vivacités. De l'origine et de la fin de toutes choses : l'ordinaire

 

                Les méthodes de travail que nous proposons se veulent aussi classiques que possible :

 

                - Histoire de vie : récit de l’identité narrative : (re)construire son projet de vie

 

                - Analyse transactionnelle, Programmation-Neuro-Linguistique, Prendre Soin de Soi (le care)

 

                - Mobilisation des ressources propres : rejoindre son lieu propre. L'expérience de l'ordinaire

 
  << Songe seulement aux innombrables troupes de professeurs qui ont adopté avec la meilleure foi du monde le système d'éducation en usage jusqu'à maintenant et qui le perpétuent bravement sans scrupules sérieux : quelle sera leur réaction quand ils entendront parler de plans d'éducation ? ce beneficio naturae d'exigences qui dépasse largement leur niveau d'exigences et d'espoirs et qui n'éveillent en eux aucun échos, qui ne sont considérés que comme des masses de plomb lourdes et inertes >>, les culs de plomb de Sur l'avenir de nos établissements d'enseignements, Folio essais, p 122, Friedrich Nietzsche. Préceptorat et enseignement entend contribuer à faire participer le plus grand nombre à l'intelligence d'une espèce de nouvelle synergie collective : << L'art de l'association est la science mère >> affirme Tocqueville dans De la démocratie en Amérique (tome 2 p 149 GF Flammarion). La notion de coopération doit être le maître-mot des codifications des communications de nos sociabilités : c'est aux modalités des différents types de coopération que nous devons attacher toute notre attention. La description de ces codifications, c'est cela qui devrait requérir toute notre application : le coeur de cible de notre action, c'est l'ensemble de toutes les issues réalisables qui sont politiquement compatibles, les optimum de ces codifications sont des configurations de relations qui donnent des perspectives visibles souhaitables à l'égalisation de nos conditions. Ces descriptions des codifications de nos formes de vie, c'est au travers des usages de la langue de nos langages que pour l'essentiel, nous les effectuons. Aufhebung et intentionnalité : porteur de sens, faiseur de sens

Publié dans Philosophie

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G
Pourquoi (en quoi) la sentimentalité exige (mérite, suppose et présuppose) t’elle une éducation qui immunise notre identité ?  Les sentiments ne sont qu'uns sorte de monnaie transactionnelle pour faible de cœur. Autrement dit, quand ce n'est pas de la fausse monnaie, c'est tout de même de la petite monnaie...
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